mardi 13 juillet 2010

Du « takfir » et de la censure chez les islamistes



Revenant sur « la longue liste de la censure au nom de l’Islam de 1925 à nos jours », une étude réalisée par l’hebdomadaire Réalités montre que « de la philosophie au cinéma en passant par la littérature et les arts, aucun genre n’a été épargné », qu’ « aucune violence aussi. » « De l’interdiction d’une œuvre à la condamnation à mort d’un penseur on aura vu, en terre d’Islam, toutes les horreurs de l’obscurantisme ». Où commence la censure ? On peut citer fatwas et exclusions, mais pas seulement, car on en oublie le terreau dont se nourrit la censure. Il existe un archipel de la répression contre la liberté de l’imaginaire et de l’art. Il ne s’agit pas seulement de la défense d’un droit d’expression, car c’est l’espace même de la liberté que le dogmatisme des islamistes ne cesse de menacer. Il n’y a pas de société libre sans rêve, sans imagination ni sans création.
De même, la violence exercée par l’usage fasciste du « takfir » et de la censure est une conduite connue chez les islamistes avec comme but de contraindre un sujet individuel ou collectif à penser, agir ou se comporter d’une façon qu’il n’a pas choisie. En effet, les islamistes n’admettent aucune opposition à leurs croyances et abusent du redoutable raccourci anti-humaniste du raisonnement « takfir ». Le takfir consiste à dénier à son adversaire sa qualité de membre d’une collectivité légitime et à se croire autorisé de ce fait à le priver de tous les droits, protections et garanties inhérentes à cette appartenance. Ce procédé fasciste aboutit en fait à nier l’existence d’une appartenance humaniste universelle.
L’islamisme est une orientation politique qui se présente comme le nouvel ennemi de la liberté d’expression. De ce fait, les islamistes conçoivent l’Islam dans sa forme scripturale la plus orthodoxe et prônent l’application stricte de ses commandements. Ils partent tous les vendredis en guerre contre le monde. Juifs et chrétiens, communistes et démocrates, intellectuels et femmes émancipées, libéraux et agnostiques et toutes les formes d’expression libre sont les cibles favorites de leurs prêches hebdomadaires. La «fatwa» assassine contre la personne du penseur libéral tunisien Afif Lakhdar lancé en 2005 sur le site du Mouvement islamiste Ennahdha » le montre et le démontre.
Par ailleurs, les terrifiantes descriptions de l’Enfer, l’interprétation systématique des malheurs individuels et collectifs par le péché et la colère divine, la culpabilisation brutale de tout plaisir - y compris celui qu’une femme prend avec son mari - toutes ces significations imposées qu’on peut lire dans des ouvrages signés par les islamistes ont une redoutable efficacité sur l’imaginaire collectif des gens. Dans leur conception du monde où la vision religieuse est l’explication de toutes choses, tout écart au dogme, si minime soit-il, est baptisé hérésie.
Cela dit, on n’ pas vu les portes parole du Ministère des affaires étrangères français et celui du département d’Etat américain souligner les efforts déployés par un pays comme la Tunisie pour éradiquer le mal islamiste et pour porter encore plus loin les conquêtes de la modernité. On ne les a pas vus également condamner les menaces que font peser les islamistes via Internet sur les intellectuels tunisiens et notamment les femmes universitaires. Se placer sur le terrain de la vraie lutte pour les droits de l’homme, est aune attitude tout à fait louable. Se placer sur le terrain du jeu politicien et de la démagogie, est une attitude bien américaine et bien «kouchnièrienne» qui fait des droits de l’homme un vulgaire fonds de commerce.