lundi 28 juin 2010
La Tunisie n’a pas besoin de polémiques mondaines
Le mouvement historique n'est pas par soi porteur d'une alternative au dysfonctionnement de l'ordre libéral établi, mais d'idées et d'expériences diverses. Les mouvements sociaux de notre époque paraissent illustrer ce double fait : ils mettent des questions en débat, posent des exigences, font éventuellement surgir idées et pratiques nouvelles qui appellent réflexions et analyses, à la fois critiques et prospectives. Autrement dit, le mouvement historique n'est pas réductible au mouvement réel censé abolir l'état de chose existant, premièrement parce qu'il n'y a pas une seule façon de transformer le réel existant, deuxièmement parce qu'il n'est pas d'action humaine sans représentation, et d'action historique sans projet, même si les effets excèdent le projet. Là encore, le champ de travail est immense. On pourrait multiplier ce type d'exemples : tous concourent à souligner l'urgence et l'ampleur des problèmes auxquels les intellectuels peuvent apporter une contribution critique. Tâche difficile, mais plus enrichissante que les polémiques narcissiques mondaines. Cet effort est associé aux luttes pour la démocratie. Contre les visées réductrices, utilitaristes ou élitistes, les intellectuels ont la responsabilité de soutenir l'esprit critique, les valeurs de liberté et de justice : liberté de création et de recherche, pluralisme et confrontation, luttes contre l'affairisme, qui vont de pair avec la lutte pour faire reculer toutes les formes de marginalisation et d'exclusion nées des inégalités sociales.